The Complete Brothers Grimm Fairy Tales
This collection of "classics" certainly is a departure from the Disney versions. The tales are mostly very dark and pessimistic, as originally recorded by the Brothers. For the more "colourful" children's stories it is better to buy the specific tales from the bookstore instead of a collective book.
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Activities: The Fisherman And His Wife
Le Pêcheur et sa Femme
Conte de Grimm
Il y avait une fois un
pêcheur et sa femme ; ils vivaient dans une misérable hutte
près du bord de la mer. Le pêcheur, qui se nommait Pierre,
allait tous les jours jeter son hameçon mais il restait
souvent bien des heures avant de prendre quelque poisson.
Un jour qu'il se tenait sur la plage, regardant sans cesse
les mouvements du hameçon, voilà qu'il le voit disparaître
et aller au fond ; il tire, et au bout de la ligne se montre
un gros cabillaud.
"Je t'en supplie," dit l'animal, "laisse-moi la vie, je ne
suis pas un vrai poisson, mais bien un prince enchanté.
Relâche-moi, je t'en prie ; rends-moi la liberté, le seul
bien qui me reste."
"Pas besoin de tant de paroles," répondit le brave Pierre.
"Un poisson, qui sait parler, il mérite bien qu'on le laisse
nager à son aise."
Et il détacha la bête, qui s'enfuit de nouveau au fond de
l'eau, laissant derrière elle une traînée de sang.
De
retour dans sa cahute, il raconta à sa femme quel beau
poisson il avait pris et comment il lui avait rendu la
liberté.
"Et tu ne lui as rien demandé en retour?" dit la femme.
"Mais non, qu'aurais-je donc dû souhaiter?" répondit
Pierre.
"Comment, n'est-ce pas un supplice, que de demeurer toujours
dans cette vilaine cabane, sale et infecte ; tu aurais bien
pu demander une gentille chaumière."
L'homme ne trouvait pas que le service qu'il avait rendu bien
volontiers au pauvre prince valût une si belle récompense.
Cependant il alla sur la plage, et, arrivé au bord de la
mer, qui était toute verte, il s'écria,
Cabillaud, cher cabillaud, ma femme, mon Isabelle, malgré
moi, elle veut absolument quelque chose.
Aussitôt apparut le poisson, et il dit,
"Eh bien, que lui faut-il?"
"Voilà," dit le pêcheur "parce que je t'ai rendu la
liberté, elle prétend que tu devrais m'accorder un souhait
; elle en a assez de notre hutte, elle voudrait habiter une
gentille chaumière."
"Soit," répondit le cabillaud, "retourne chez toi, et tu
verras son voeu accompli."
En effet, Pierre aperçut sa femme sur la porte d'une
chaumière coquette et proprette.
"Viens donc vite," lui cria-t-elle, "viens voir comme c'est
charmant ici ; il y a deux belles chambres, et une cuisine ,
derrière nous avons une cour avec des poules et des canards,
et un petit jardin avec des légumes et quelques fleurs."
"Oh! quelle joyeuse existence nous allons mener maintenant"
dit Pierre.
"Oui," dit-elle, "je suis au comble de mes voeux!"
Pendant une quinzaine de jours ce fut un enchantement
continuel ; puis tout à coup la femme dit,
"Écoute, Pierre, cette chaumière est par trop étroite et
son jardin n'est pas plus grand que la main. je ne serai
heureuse que dans un grand château en pierres de taille. Va
trouver le cabillaud et fais-lui savoir que tel est mon
désir."
"Mais," répondit le pêcheur, "voilà quinze jours à peine
que cet excellent prince nous a fait cadeau d'une si jolie
chaumière, comme nous n'aurions jamais osé en rêver une
pareille. Et tu veux que j'aille l'importuner de nouveau! Il
m'enverra promener, et il aura raison."
"Du tout," dit la femme "je le sais mieux que toi, il ne
demande pas mieux que de nous faire plaisir. Va le trouver,
comme je te le dis."
Le brave homme s'en fut sur la plage; la mer était bleu
foncé, presque violette, mais calme. Le pêcheur s'écria,
Cabillaud, mon cher cabillaud! ma femme, mon Isabelle,
malgré moi, elle veut absolument quelque chose.
"Que lui faut-il donc?" répondit le poisson, "qui apparut
sur-le-champ, la tête hors de l'eau."
"Imagine-toi," répondit Pierre tout confus, "que la belle
chaumière ne lui convient plus, et qu'elle désire un palais
en pierres de taille!"
"Retourne chez toi," dit le cabillaud, "son souhait est déjà
accompli."
En effet, le pêcheur trouva sa femme se promenant dans la
vaste cour d'un splendide château.
"Oh! ce gentil cabillaud," dit-elle, "regarde donc comme
tout est magnifique!"
Ils entrèrent à travers un vestibule en marbre; une foule
de domestiques galonnés d'or leur ouvrirent les portes des
riches appartements, garnis de meubles dorés et recouverts
des plus précieuses étoffes. Derrière le château
s'étendait un immense jardin où poussaient les fleurs les
plus rares puis, venait un grandissime parc, où folâtraient
des cerfs, des daims et toute espèce d'oiseaux ; sur le
côté se trouvaient de vastes écuries, avec des chevaux de
luxe et une étable, qui contenait une quantité de belles
vaches.
"Quel sort digne d'envie, que le nôtre," dit le brave
pêcheur, "écarquillant les yeux à l'aspect de ces
merveilles; j'espère que tes voeux les plus téméraires
sont satisfaits."
"C'est ce que je me demande," répondit la femme, "mais j'y
réfléchirai mieux demain."
Puis, après avoir goûté des mets délicieux qui leur
furent servis pour le souper, ils allèrent se coucher.
Le lendemain matin, qu'il faisait à peine jour, la femme,
éveillant son mari, en le poussant du coude, lui dit,
"Maintenant que nous avons ce palais, il faut que nous
soyons maîtres et seigneurs de tout le pays à l'entour."
"Comment," répondit Pierre, "tu voudrais porter une couronne?
quant à moi, je ne veux pas être roi."
Eh bien, moi je tiens à être reine. Allons, habille-toi,
et cours faire savoir mon désir à ce cher cabillaud.
Le pêcheur haussa les épaules, mais il n'en obéit pas
moins.
Arrivé sur la plage, il vit la mer couleur gris
sombre, et assez houleuse ; il se mit à crier,
"Cabillaud, cher cabillaud! Ma femme, mon Isabelle, malgré
moi, elle veut absolument quelque chose."
"Que lui faut-il donc?" dit le poisson qui se présenta
aussitôt, la tête hors de l'eau.
"Ne s'est-elle pas mis en tête de devenir reine!"
"Rentre chez toi, la chose est déjà faite," dit la bête.
Et, en effet, Pierre trouva sa femme installée sur un trône
en or, orné de gros diamants, une magnifique couronne sur la
tête, entourée de demoiselles d'honneur, richement
habillées de brocard, et l'une plus belle que l'autre ; à
la porte du palais, qui était encore bien plus splendide que
le château de la veille, se tenaient des gardes en uniformes
brillants une musique militaire jouait une joyeuse fanfare ;
une nuée de laquais galonnés était répandue dans les
vastes cours, où étaient rangés de magnifiques équipages.
"Eh bien," dit le pêcheur, "j'espère que te voilà au comble
de tes voeux ; naguère pauvre entre les plus pauvres, te
voilà une puissante reine."
"Oui," répondit la femme, "c'est un sort assez agréable,
mais il y a mieux, et je ne comprends pas comment je n'y ai
pas pensé je veux être impératrice, ou plutôt empereur;
oui, je veux être empereur!"
"Mais, ma femme, tu perds le sens ; non, je n'irai pas
demander une chose aussi folle à ce bon cabillaud; il
finira par m'envoyer promener, et il aura raison."
"Pas d'observations," répliqua-t-elle "je suis la reine et
tu n'es que le premier de mes sujets. Donc, obéis
sur-le-champ."
Pierre s'en fut vers la mer, pensant qu'il faisait une course
inutile. Arrivé sur la plage, il vit la mer noire, presque
comme de l'encre; le vent soufflait avec violence et
soulevait d'énormes vagues.
"Cabillaud, cher cabillaud, s'écria-t-il, ma femme, mon
Isabelle, malgré moi, elle veut encore quelque chose."
"Qu'est-ce encore?" dit le poisson qui se montra aussitôt.
"Les grandeurs lui tournent la tête, elle souhaite d'être
empereur."
"Retourne chez toi," répondit le poisson; la chose est
faite."
Lorsque Pierre revint chez lui, il aperçut un immense
palais, tout construit en marbre précieux; le toit en
était de lames d'or. Après avoir passé par une vaste cour,
remplie de belles statues et de fontaines qui lançaient les
plus délicieux parfums, il traversa une haie formée de
gardes d'honneur, tous géants de plus de six pieds; et,
après avoir passé par une enfilade d'appartements décorés
avec une richesse extrême, il atteignit une vaste salle où
sur un trône d'or massif, haut de deux mètres, se tenait sa
femme, revêtue d'une robe splendide, toute couverte de gros
diamants et de rubis, et portant une couronne qui à elle
seule valait plus que bien des royaumes; elle était
entourée d'une cour composée rien que de princes et de ducs;
les simples comtes étaient relégués dans l'antichambre.
Isabelle paraissait tout à fait à son aise au milieu de ces
splendeurs.
"Eh bien," lui dit Pierre, "j'espère que te voilà au comble
de tes voeux; il n'y a jamais eu de sort comparable au tien."
"Nous verrons cela demain," répondit-elle.
Après un festin magnifique, elle alla se coucher ; mais elle
ne put dormir ; elle était tourmentée à l'idée qu'il y
avait peut-être quelque chose de plus désirable encore que
d'être empereur. Le matin, lorsqu'elle se leva, elle vit que
le ciel était brumeux.
« Tiens, se dit-elle, je voudrais bien voir le soleil; les
nuages sombres m'attristent. Oui, mais, pour faire lever le
soleil, il faudrait être le bon Dieu. C'est cela, je veux
être aussi puissante que le bon Dieu. »
Toute ravie de son idée, elle s'écria,
"Pierre, habille-toi sur-le-champ, et va dire à ce brave
cabillaud que je désire avoir la toute-puissance sur
l'univers, comme le bon Dieu; il ne peut pas te refuser
cela."
Le brave pêcheur fut tellement saisi d'effroi, en entendant
ces paroles impies, qu'il dut se tenir à un meuble pour ne
pas tomber à la renverse.
"Mais, ma femme," dit-il, "tu es tout à fait folle. Comment,
il ne te suffit pas de régner sur un immense et riche empire?"
"Non," dit-elle, "cela me vexe, de ne pas pouvoir faire se
lever ou se coucher le soleil, la lune et les astres. Il me
faut pouvoir leur commander comme le bon Dieu."
"Mais enfin, cela passe le pouvoir de ce bon cabillaud ; il
se fâchera à la fin, si je viens l'importuner avec une
demande aussi insensée."
"Un empereur n'admet pas d'observations," répliqua-t-elle
avec colère, "fais ce que je t'ordonne, et cela
sur-le-champ.
Le brave Pierre, le coeur tout en émoi, se mit en route. Il
s'était levé une affreuse tempête, qui courbait les arbres
les plus forts des forêts, et faisait trembler les rochers;
au milieu du tonnerre et des éclairs, le pêcheur atteignit
avec peine la plage. Les vagues de la mer étaient hautes
comme des tours, et se poussaient les unes les autres avec un
épouvantable fracas.
"Cabillaud, cher cabillaud," s'écria Pierre, "ma femme, mon
Isabelle, malgré moi, elle veut encore une dernière chose."
"Qu'est-ce donc?" dit le poisson, qui apparut aussitôt."
"J'ose à peine le dire," répondit Pierre, "elle veut être
toute-puissante comme le bon Dieu."
"Retourne chez toi," dit le cabillaud, "et tu la trouveras
dans la pauvre cabane, d'où je l'avais tirée."
Et, en effet, palais et splendeurs avaient disparu;
l'insatiable Isabelle, vêtue de haillons, se tenait sur un
escabeau dans son ancienne misérable hutte. Pierre en prit
vite son parti, et retourna à ses filets; mais jamais plus
sa femme n'eut un moment de bonheur.
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