The Complete Brothers Grimm Fairy Tales
This collection of "classics" certainly is a departure from the Disney versions. The tales are mostly very dark and pessimistic, as originally recorded by the Brothers. For the more "colourful" children's stories it is better to buy the specific tales from the bookstore instead of a collective book.
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Jorinda et Joringel
Jacob et Wilhelm GRIMM
Il était une
fois un vieux château au milieu d'une vaste et épaisse
forêt. Une vieille femme, tout seule, y habitait. C'était
la reine des sorcières. Le jour, elle se transformait en
chat ou en chouette. Le soir, elle reprenait son apparence
humaine. Elle avait le don d'attirer les bêtes ; elle les
tuait, les cuisait et les mangeait. A cent pas du château,
tout passant se trouvait figé sur place et il ne pouvait
repartir que si la sorcière le voulait bien. Mais lorsqu'une
chaste jeune fille entrait dans ce cercle maudit, elle la
transformait en oiseau, l'enfermait dans une cage et portait
la cage dans l'une des chambres du château. Elle en avait
bien sept mille déjà remplies de ces oiseaux rares.
Or donc, il était une fois une jeune fille nommée Jorinde.
Elle était la plus belle de toutes les filles. Et il y avait
un beau jeune homme dont le nom était Joringel. Elle lui
avait promis sa main. Ils étaient fiancés et heureux
d'être ensemble. Pour pouvoir se parler tranquillement, ils
allèrent un jour se promener dans la forêt.
"Garde-toi de t'approcher trop près du château" dit
Joringel.
La soirée était belle; le soleil brillait encore entre les
troncs des arbres, mettant des taches de lumière sur le vert
sombre de la forêt. Et la tourterelle roucoulait
plaintivement dans les branches.
Alors, tous deux se
sentirent devenir tristes. Jorinde pleura, s'assit au milieu
d'un rond de soleil et gémit; Joringel gémit également.
Ils se sentaient abattus comme s'ils allaient mourir. Ils
regardèrent autour d'eux, ne s'y retrouvèrent pas ; ils ne
savaient plus de quel côté se trouvait leur maison. Le
disque du soleil avait déjà disparu à moitié par-delà la
montagne. C'est alors que Joringel vit à travers les
fourrés les vieux murs du château. Il eut peur et devint
pâle comme un mort. Jorinde chantait,
"Mon
petit oiseau bagué d'or
chante tristement, tristement.
De la colombe il chante la mort
tristement, tristement."
Joringel regarda
Jorinde. Elle était devenue rossignol et faisait des
trilles. Une chouette aux yeux de braise vola par trois fois
autour d'elle et par trois fois cria.
« Hou ! Hou ! Hou ! »
Joringel se sentit immobilisé. Il
était là comme une pierre, sans pouvoir pleurer, parler,
remuer bras ou jambes. Le soleil avait disparu; la chouette
vola vers les broussailles et, tout de suite après, une
vieille femme bossue en sortit, jaune et maigre, avec de
grands yeux rouges et un nez crochu dont l'extrémité
rejoignait son menton. En grognant, elle saisit le rossignol
et l'emmena, posé sur sa main. Joringel ne pouvait rien
dire, ne pouvait pas bouger et le rossignol n'était plus
là.
Finalement, la vieille femme revint et dit d'une voix
rauque, "Je te salue, imbécile. Quand la lune éclairera ce petit
panier, va-t'en, imbécile; ce sera le moment."
Libéré, Joringel se jeta aux pieds de la vieille et la
supplia de lui rendre Jorinde. Elle lui répondit qu'il ne la
reverrait jamais et s'en alla. Il appela, il pleura, il
gémit: en vain. "Oh! Oh! que va-t-il m'arriver?"
Joringel quitta les lieux et arriva finalement dans un
village étranger. Pendant longtemps, il y garda les moutons.
Souvent, il se rendait autour du château, prenant garde de
ne pas trop s'en approcher. Une nuit, il rêva qu'il avait
trouvé une fleur couleur rouge sang, au coeur de laquelle
gisait une énorme et magnifique perle. Il cueillait la
fleur, se rendait au château et tout ce qu'il touchait avec
elle était libéré du mauvais sort. Il rêva aussi que
grâce à cette fleur il retrouvait sa Jorinde. Au matin,
quand il fut réveillé, il partit par monts et par vaux à
la recherche d'une fleur de ce genre. Il chercha pendant huit
jours et le neuvième jour, à l'aube, il trouva la fleur
rouge sang. Une grosse goutte de rosée, comme la plus belle
des perles, reposait en son coeur.
Nuit et jour, il courut
pour porter la fleur au château et quand il n'en fut plus
qu'à cent pas, il ne fut pas immobilisé. Il continua
jusqu'à la porte. Tout Joyeux, il la toucha avec la fleur :
elle éclata en mille morceaux. Après avoir traversé une
cour, il pénétra dans le château et tendit l'oreille pour
essayer d'entendre des chants d'oiseaux. Au bout d'un certain
temps, il les entendit. Il se dirigea de ce côté-là et
aperçut la sorcière qui donnait à manger à ses
prisonnières, dans leurs sept mille petites cages.
Lorsqu'elle aperçut Joringel, elle se mit en colère, très
en colère, cria, cracha poison et fiel contre lui, mais elle
ne put l'approcher à moins de deux pas. il ne s'occupa pas
d'elle, regarda les cages où étaient enfermés les oiseaux.
Il vit des centaines de rossignols. Comment retrouver sa
Jorinde parmi eux? Comme il regardait ainsi, il remarqua que
la vieille se dirigeait sans bruit vers la porte, emportant
une petite cage et son oiseau. Il bondit vers elle, toucha la
cage et la vieille femme avec la fleur. Fini l'enchantement !
Jorinde était là, le tenant par le cou, plus belle qu'elle
n'avait jamais été. Alors il transforma tous les autres
oiseaux en jeunes filles et, avec sa Jorinde il rentra chez
lui et ils vécurent longtemps heureux.
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